Quand les maux parlent à travers les mots : l'hypnose pour écouter ce que le corps veut dire

“Le corps parle ce que la bouche tait.” Cette phrase, souvent entendue en thérapie brève, résume avec justesse un phénomène que beaucoup expérimentent sans toujours le comprendre : notre corps exprime parfois ce que nous n’avons pas su ou pu dire avec des mots. En effet, les douleurs physiques ou les tensions chroniques peuvent devenir le langage silencieux de notre inconscient. Pour prendre en compte ce lien entre les mots et les maux, l’hypnose est un outil de choix.

Attention : les pistes évoquées ici ne remplacent en aucun cas un avis ou un traitement médical. Elles proposent seulement une lecture symbolique et émotionnelle du corps.

Le corps, miroir de l’histoire émotionnelle

Qui n’a jamais eu mal au ventre avant un examen important ? Ou ressenti une boule dans la gorge après un conflit non exprimé ? Ces manifestations physiques sont les signes tangibles de l’interaction constante entre nos émotions et notre corps.

Dans son ouvrage Le corps a ses raisons, Thérèse Bertherat décrit comment le corps garde en mémoire des tensions liées à des émotions non exprimées, des conditionnements anciens, ou des expériences mal digérées. Elle y montre combien nous avons appris à “tenir”, à “encaisser”, jusqu’à ce que le corps dise stop.

D’autres auteurs, bien que leurs hypothèses ne soient pas validées scientifiquement, parlent d’un lien direct entre organes et émotions. Une lombalgie pourrait ainsi être reliée à un manque de soutien, des troubles digestifs à une situation que l’on “ne digère pas”, ou une gorge enflammée à des paroles qu’on n’ose pas exprimer.

Le langage révélateur : quand les mots trahissent les maux

Nos expressions quotidiennes sont souvent plus révélatrices qu’elles n’en ont l’air. À travers elles, le corps et l’inconscient s’expriment symboliquement. Prenons quelques exemples :

• “Cette situation me gonfle.” Cette expression peut être en lien avec une sensation de surcharge émotionnelle, ou symboliser un besoin d’espace, une pression ressentie. Elle s’exprime parfois dans le corps (prise de poids, essoufflement, oppression).

• “J’en ai plein le dos.” Souvent utilisée dans des contextes de stress ou de responsabilités excessives, en lien avec des tensions physiques.

• “Je ne digère pas ce qu’il s’est passé” : on retrouve ici un lien symbolique entre expérience psychique non intégrée et système digestif.

• “Je me sens étouffé(e) dans cette relation” : cette formulation évoque une sensation de manque d’air, voire des crises d’angoisse.

Ces expressions sont le reflet d’un vécu intérieur, parfois inconscient. Alors, le mot devient une clé, un indice précieux pour comprendre ce que notre corps tente de nous dire.

Le psychanalyste Jacques Lacan affirmait que “l’inconscient est structuré comme un langage”. En effet, nos mots, nos lapsus, nos formulations automatiques sont autant de traces laissées par ce qui, à l’intérieur de nous, cherche à se dire. Ainsi, les écouter, les observer, les interroger peut nous mettre sur la voie de la compréhension… et de l’apaisement.

Le corps ne trahit pas, il dit

Dans Le langage émotionnel du corps, Alexander Lowen montre comment les émotions refoulées s’inscrivent dans la posture, dans la respiration, dans la tonicité musculaire. Ainsi, ce qu’il appelle les “armures corporelles” sont des formes de protection que le corps construit pour ne plus ressentir ce qui a été douloureux. Mais à force de se protéger, on s’enferme aussi dans la tension, l’inconfort…

Françoise Dolto, quant à elle, soulignait que “tout ce qui ne se dit pas s’imprime”. C’est pourquoi les enfants, incapables de verbaliser leur souffrance, somatisent. Et bien souvent, adultes, nous continuons à faire de même, parfois de manière plus subtile, mais tout aussi puissante.

Mettre des mots pour apaiser les maux grâce à l’hypnose

L’un des axes essentiels de l’accompagnement thérapeutique, psychique ou corporel, consiste à aider la personne à mettre des mots sur son vécu. Car nommer une émotion, raconter une histoire, exprimer un ressenti peut désamorcer la nécessité pour le corps d’en prendre la charge.

En hypnose, le langage joue un rôle fondamental. C’est un langage symbolique, imagé, indirect, qui s’adresse à l’inconscient. De cette façon, les métaphores, les suggestions, les récits permettent d’ouvrir des portes intérieures et de libérer ce qui restait bloqué dans le non-dit. Il ne s’agit pas d’interpréter ou de forcer un sens, mais de laisser émerger une parole authentique, soutenue par la sécurité de l’accompagnement.

En conclusion

Écouter ses maux, c’est parfois écouter ce qui n’a pas encore été dit. Les mots que nous utilisons et les maux que nous portons sont les deux faces d’une même pièce : celle de notre histoire émotionnelle. En rétablissant ce dialogue entre le corps et la parole, nous ouvrons un chemin vers la compréhension, la libération, et le mieux-être. C’est le sens d’un accompagnement par l’hypnose.